Une travailleuse sociale est attitrée à chaque enfant pris en charge par la DPJ. Au début, quand l’enfant arrive à notre domicile, on a des visites régulières de l’équipe des 2 intervenantes (la nôtre et celle de l’enfant). Elles nous mettent au courant d’où en sont les parents biologiques dans leur cheminement. De plus, on nous présente les documents à remplir chaque mois, mais aussi, on nous explique ce que nous avons le droit de faire et ce que nous ne pouvons pas faire avec cet enfant.
Parfois, comme c’est notre cas, le juge ordonne que le lieu d’habitation de l’enfant soit gardé confidentiel pour les parents. Ça demande bien de la vigilance. Par exemple, c’est moi qui accompagnerai l’enfant pour ses vaccins, mais je ne devrai jamais donner ou signer mon nom sur aucun document. On informe seulement les infirmières ou secrétaires que nous sommes une famille d’accueil pour la DPJ et présentons les documents l’attestant. L’intervenante nous a remis une copie du jugement de la cour, indiquant que l’enfant était sous la responsabilité du directeur de la protection de la jeunesse et qu’il était placé en famille d’accueil.
La TS nous rappelle également que l’histoire de cet enfant est confidentielle et qu’elle lui appartient. Nous, comme famille d’accueil, sommes informés de son parcours de vie pour l’accompagner, mais il ne nous appartient pas de le raconter à quiconque, d’autant plus que ce n’est pas (encore) notre enfant. Donc, ma mère, mes amies, mon entourage ne savent rien du passé de cet enfant, ils ne connaissent même pas son nom de famille. Ça sera à nous (chéri et moi) de lui raconter son histoire quand nous jugerons qu’elle est en âge de l’apprendre et de la comprendre, et non pas à une « matante » un peu trop chaude, dans un party de famille, de lancer une remarque du genre : « on sait bien, elle est née… (nommer ici les situations qui peuvent être arrivées à l’enfant : d’une mère prostituée, droguée, schizophrène, itinérante, etc.) ». Bien sûr, cette fillette saura qu’elle a été adoptée, mais les raisons de son adoption lui seront données au bon moment.
Souvent, au début du placement, l’enfant aura des visites supervisées avec ses parents biologiques. On nous donne le choix à savoir si ce sera l’intervenante de l’enfant qui viendra le chercher et le reconduire chez nous, ou si nous irons nous même le reconduire au centre jeunesse. Ces rencontres sont généralement d’une durée d’une heure. Elles ont pour but d’évaluer les capacités parentales des parents biologiques. Nous, comme famille d’accueil, ne sommes pas autorisés à assister à ces rencontres, mais c’est à nous de ¨ramasser¨ l’enfant suite à celles-ci. En effet, elles ont souvent une grande influence sur le comportement de ces petits êtres sensibles et peuvent leur faire vivre un paquet de sentiments contradictoires. L’enfant peut nous rejeter suite aux visites ou devenir inquiet face à la possibilité que nous l’abandonnions nous aussi. Bref, nous devons être forts pour bien accompagner l’enfant à travers ce long cheminement.
Au début, on nous rappelle également l’importance du cocon : malgré le fait que l’enfant puisse avoir des contacts avec ses parents biologiques, nous devons de notre côté l‘exposer au moins de monde possible et ce, afin de lui permettre d’atterrir chez nous sainement. Le trouble de l’attachement fait maintenant partie des troubles psychologiques répertoriés. C’est notre devoir comme famille d’accueil de permettre à l’enfant de développer un lien de confiance avec une ou deux personnes qui auront à lui prodiguer les soins universels pour ses premiers mois de vie.
Pour en savoir plus sur le trouble de l’attachement : https://camps.qc.ca/files/8114/2972/6488/Fiche_Trouble_de_lattachement.pdf