Dès le début de ma grossesse, avec l’annonce d’une grossesse gémellaire, j’ai compris qu’il me faudrait faire bien des compromis, de tous genres.
Il me fallait faire le deuil d’une grossesse parfaite, même si, après coup, je considère qu’elle l’ait été.
Il me fallait aussi faire le deuil d’un accouchement parfait. Vous savez celui dont on entend parfois parler : à la maison, avec une sage-femme, 2-3 contractions et HOP un petit bébé tout neuf! Dans mon cas, même si on me dit qu’un accouchement naturel peut être envisagé, il y aura jusqu’à la toute fin un risque de césarienne. Ça fait partie des scénarios, je dois vivre avec.
J’ai aussi compris que je devrai faire mon deuil de l’allaitement parfait. Allaiter 2 bébés à la fois, tout en respectant mes besoins de personne vivant avec une maladie chronique, ne me semble pas gagné d’avance. Je me fais la promesse de faire mes 2 hrs de traitements quotidiens, et de dormir un minimum de 3 hrs d’affilée par 24h. Les cours prénataux sur l’allaitement sont une source de frustration pour moi. Aucune infirmière, dans sa récitation de théorie, ne veut adapter son discours pour ma situation particulière. Qu’à cela ne tienne, un groupe de maman de jumeaux sur Facebook me fait croire en l’allaitement mixte.
C’est avec toutes ces considérations en tête que j’élabore mon plan d’accouchement, que je remettrai à l’infirmière qui m’accompagnera. En voici quelques extraits :
« Je suis contente de pouvoir tenter un accouchement naturel; ce type d’accouchement me permettrait d’éviter des complications pulmonaires suite à une chirurgie. Cependant, ma priorité est la santé des bébés, si une césarienne est considérée plus sécuritaire, je ne m’oppose pas du tout à cette pratique. Cependant, j’apprécierais que l’on n’utilise pas cette méthode d’emblée, par facilité. »
« Je suis consciente qu’il y aura un party dans la chambre lors de mon accouchement. Cependant, j’aimerais que les gens soient assez discrets, afin que l’on n’ait pas l’impression d’être dans un party rock, mais plutôt dans un réveillon de Noël plate. »
« Je reconnais que ma situation peut être formatrice à observer pour différents étudiants. Je ne m’oppose pas à leur présence dans la chambre. Cependant, il relève de leur responsabilité et de leur professionnalisme de faire en sorte que l’on ait l’impression qu’ils sont situés derrière un miroir sans teint, plutôt que dans notre bulle. Nous nous gardons donc la possibilité de leur demander de quitter la chambre s’ils troublent notre quiétude, le tout avec le doigté et la politesse possibles pour une femme en plein travail! »
« Je désire nourrir mes bébés avec du lait maternel. Cependant, l’allaitement n’est PAS ma priorité #1. J’ai suivi plusieurs séances d’information sur l’allaitement, je connais les enjeux reliés aux biberons, mais je veux me respecter dans cette démarche. Je vous serai reconnaissante de m’accompagner dans mon apprentissage de l’allaitement à 2 bébés, mais je refuserai que l’on s’acharne sur moi et sur les bébés pour les pousser à boire au sein exclusivement. J’ai apporté mon tire-lait et des biberons qui sont stériles. Je préférerais utiliser ces derniers plutôt que ceux de l’hôpital, advenant le cas où j’ai besoin d’avoir recours aux biberons. Merci de passer le mot à toutes les infirmières qui viendront m’accompagner dans ces démarches. »
Je me suis bien amusée en écrivant ces quelques lignes! Maintenant, Sera-t-il respecté?
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