J’aime croire que tout le chamboulement hormonal que les traitements de fertilité m’ont infligé m’a « habituée » à vivre avec toutes ces hormones. Durant tout mon premier trimestre, je n’ai jamais eu de maux de cœur ou de nausée : j’avais bien trop faim, s’il avait fallu que je ne puisse rien manger ça aurait été terrible! De plus, je n’ai jamais ressenti la fatigue qui caractérise souvent ce premier trimestre. En fait, je ne me suis jamais sentie enceinte au début de ma grossesse, et j’ai étonnamment trouvé ça difficile. J’aurais vraiment souhaité avoir mal au cœur, ça m’aurait confirmé que c’était bien vrai. J’avais tellement peur que leur croissance s’arrête, de faire une fausse couche ou de n’être au final tout simplement pas enceinte que j’espérais le moindre symptôme de grossesse, pour m’aider à y croire. L’attente de 5 semaines entre mon échographie de viabilité et mon premier suivi, prévu pour la 11e semaine de grossesse, aura été angoissante et stressante pour moi.
J’ai cependant eu le malheur d’attraper un sale rhume vers ma 8e semaine. Pour vous qui me lisez, un petit rhume ce n’est peut-être pas grand-chose, mais quand on a la FK, ça dégénère rapidement. En plus, enceinte, on ne peut prendre pratiquement aucun médicament pour soulager les symptômes du rhume. Alors, inévitablement, ce rhume m’est tombé dans les poumons. Mon pneumologue spécialiste en FK m’a prescrit des antibiotiques. Mais je résistais, on entend tellement d’histoires sur les antibiotiques et la grossesse. Je ne voulais rien prendre qui pourrait affecter mes bébés avant la 12e semaine. Les 3 premiers mois sont tellement critiques dans le développement des bébés, que je croyais bien faire en ne prenant rien…
Je passais mes nuits à tousser ma vie, et j’allais travailler à moitié morte chaque jour. Quand je me suis mise à me lever la nuit et le matin en vomissant des sécrétions, j’ai compris que ça ne pouvait pas continuer comme ça (à tousser du mucus, on en avale parfois, et l’estomac se remplit, mais il proteste quand il a trop de ce genre d’aliment visqueux à digérer). Une amie FK qui a eu un enfant voilà quelques années m’a dit une sage parole qui m’est restée en tête : « Pour avoir toute l’énergie nécessaire pour bien s’occuper de mon enfant, je me dois de mettre en priorité mes traitements, pour que ma santé soit au meilleur. Il est inutile de se sacrifier, d’endurer et de ne pas filer par peur ou culpabilité de transmettre une petite carence à notre enfant. » À ma 9e semaine, j’ai commencé les antibiotiques qui m’avaient été prescrits, tout en m’assurant bien qu’ils n’étaient pas dommageables pour les fœtus.
J’ai par le fait même pris la décision que je mettrai toujours ma santé au sommet de mes priorités : je veux être présente pour mes enfants le plus longtemps possible.