Dre Christelle Bergeron
Service de pneumologie
Clinique de fibrose kystique adulte CIUSSS de l’Estrie — CHUS
Avec la collaboration de Mme Josée Lessard et Mme Vanessa Fontaine, infirmières à la clinique de fibrose kystique adulte du CIUSSS de l’Estrie — CHUS
- Qu’est-ce que le muguet ? Comment le reconnaître ? Quels médicaments sont à risque ? Comment le traite-t-on ?
La candidose oropharyngée, plus communément appelée muguet, est une infection causée par le Candida, un fongus (champignon) présent dans la flore gastro-intestinale et génito-urinaire normale. L’infection se reconnaît par la présence de plaques blanchâtres dans la bouche, sur le palais, sur la langue ou à l’oropharynx. Ces plaques ne disparaissent pas si elles sont brossées à l’aide d’une brosse à dents ou grattées avec un abaisse-langue. Le diagnostic est habituellement clinique, mais il peut être confirmé en grattant les lésions puis en faisant une préparation au KOH (hydroxyde de potassium) afin de visualiser les levures. D’autres symptômes sont parfois présents tels que la sensation d’avoir la bouche pâteuse, une perte de goût et une douleur lors de la déglutition.
Les individus les plus à risque sont les personnes âgées portant des dentiers, les personnes sous antibiothérapie ou sous chimiothérapie et celles avec un déficit immunitaire (ex. : SIDA). Les médicaments les plus à risque sont les glucocorticoïdes en inhalation (ex. : FloventMD, AlvescoMD, PulmicortMD, etc.). C’est pour cette raison qu’il est important d’utiliser la chambre d’inhalation (Aérochambre) avec les dispositifs en aérosol-doseur et de rincer la bouche après la prise de ces inhalateurs.
Le muguet se traite habituellement assez facilement avec un antifungique (Nystatin) à gargariser et avaler 4 fois par jour pendant une dizaine de jours. Pour les cas plus réfractaires, il est possible de prescrire un antifungique de la classe des azoles en comprimés, le plus souvent le fluconazole. Il faut toutefois être prudent puisqu’il y a des interactions médicamenteuses à considérer avec le fluconazole, en particulier avec les modulateurs du CFTR (KalydecoMD, OrkambiMD, SymdekoMD, TrikaftaMD).
2. Le cathéter veineux central (PICC line), source de questionnements :
- Ma peau est rouge et/ou infectée autour du point d’entrée, que puis-je faire ?
L’installation du cathéter veineux central (PICC line pour central peripherally inserted central catheter) et le changement de pansement se faisant par technique stérile, il est primordial de se référer à l’infirmière de la clinique de fibrose kystique ou à l’infirmière spécialisée en accès veineux pour toute problématique en lien avec le cathéter.
Si une rougeur apparaît sur la peau et/ou près du site d’insertion, il peut s’agir d’une infection. Si celle-ci est superficielle, il est parfois suffisant de faire les changements de pansement plus fréquemment ou en le désinfectant avec de la chlorhexidine, mais il est important d’aviser l’équipe afin de faire un suivi rapproché et d’éliminer une infection plus profonde ou une autre complication (ex. : allergie, thrombose) au cas par cas.
- J’ai des douleurs au site d’entrée, que puis-je faire?
Les causes de douleur au site d’entrée sont multiples : intolérance ou allergie aux pansements, blocage ou thrombose du cathéter, mauvais positionnement, infection, etc. Comme mentionné, il est important de contacter son infirmière afin de réévaluer la perméabilité du cathéter et de s’assurer de l’absence de signes et de symptômes d’infection.
- Que puis-je faire lorsqu’il y a des bulles dans les tubulures ?
Si le cathéter est utilisé afin d’administrer des antibiotiques intraveineux par un processus de biberons, il est peu probable que des bulles soient présentes, mais si cette situation survient, il est primordial d’aviser son infirmière. Celle-ci pourra retirer les bulles à l’aide d’une seringue jusqu’à l’obtention d’un retour sanguin, puis irriguer le cathéter avec un liquide salin avant et après la prochaine dose d’antibiotique.
Il est important de ne pas manipuler soi-même le cathéter et de cesser immédiatement la perfusion en présence de bulles. Une petite quantité d’air est généralement peu problématique, mais des bulles plus importantes pourraient entraîner une embolie gazeuse, une complication potentiellement grave et parfois mortelle.
- Comment bien protéger le site d’insertion lorsque je me lave ?
Il est préférable d’éviter les bains. Si toutefois vous tenez à prendre un bain, le bras où se trouve le cathéter ne doit pas être immergé dans l’eau. Il faut le garder en dehors de l’eau en tout temps.
Pour la douche, il faut protéger le bras où se trouve le cathéter avec une pellicule transparente de type Saran Wrap et un sac de plastique vide.
Si par mégarde votre pansement est mouillé ou s’est déplacé, il devra être changé. Il faut encore une fois contacter votre infirmière pour procéder au changement de pansement.
3. Quelle est la répercussion de la consommation d’alcool quand on vit avec la fibrose kystique ?
Il existe plusieurs répercussions de la consommation d’alcool chez les individus fibrokystiques.
D’abord, l’alcool est un dépresseur qui peut affecter la respiration lorsque consommé en trop grande quantité. La fréquence respiratoire et l’amplitude des mouvements respiratoires peuvent être affectées, rendant la respiration et la gestion des sécrétions plus difficiles.
De plus, comme l’alcool contient beaucoup de sucres, le contrôle du diabète chez les patients atteints de diabète associé à la FK peut devenir plus ardu, incluant un risque d’hypoglycémie élevé.
Chez les patients connus pour une maladie hépatique associée à la FK, il est recommandé d’éviter ou de minimiser la consommation d’alcool, puisque celle-ci pourrait exacerber des dommages au foie déjà présents ou en accélérer la progression.
De nombreux antibiotiques et médicaments sont métabolisés par le foie et leur effet peut être affecté par la consommation d’alcool. Certains peuvent amplifier les effets de l’alcool, alors que d’autres ne fonctionneront pas aussi efficacement en présence d’alcool. La prudence est de mise avec les modulateurs de CFTR (ex. : TrikaftaMD), qui peuvent à eux seuls perturber la fonction hépatique, ce qui pourrait être aggravé par une consommation d’alcool considérable.
Enfin, plusieurs autres complications à moyen et long terme sont possibles : anxiété, troubles du sommeil, déficits vitaminiques, hypertension artérielle, ulcères gastriques, cancers, etc.
4. Certaines personnes ont commencé à prendre la cyproheptadine, médicament pour stimuler l’appétit. Quel est ce médicament ? Est-il utile et adapté aux FK ?
La cyproheptadine est un médicament faisant partie de la classe des antihistaminiques de première génération.
Il est surtout employé dans la population pédiatrique pour stimuler l’appétit et améliorer l’état nutritionnel, mais n’est pas uniquement utilisé chez les individus fibrokystiques. Certaines études ont toutefois été menées spécifiquement chez la population fibrokystique et ont démontré une bonne efficacité.
Avant d’utiliser cette médication, il faut avoir tenté d’autres options (évaluation par une nutritionniste, ajustement des apports, suppléments, etc.) et en discuter avec son médecin traitant, qui évaluera la situation et pourra déterminer si un tel traitement est approprié.
Avec l’avènement des modulateurs de CFTR de haute efficacité (TrikaftaMD) et leurs impacts sur le statut nutritionnel (gain de poids, amélioration de l’IMC), il devrait y avoir de moins en moins de raisons de commencer la prise de cyproheptadine dans le futur.