Publié dans le SVB 2007
Un témoignage de Mary-Pier Gaudet
C’est le 15 décembre de l’année 1983, à Ville-Marie, dans la jolie région du Témiscamingue, qu’a commencé mon heureuse enfance. Lorsque j’ai reçu un diagnostic de fibrose kystique à l’âge de 18 mois, ma vie a toutefois pris une tournure différente. Néanmoins, mon infatigable bonne humeur m’a suivie à travers les obstacles de la vie. Entre les devoirs, les amis, l’hôpital et les cours de patinage artistique et de danse, alors que j’étais partagée entre le divorce de mes parents et les querelles avec mon petit frère, nul n’aurait pu déceler mon grand malaise intérieur. Aux prises avec un désir d’accomplissement et de réalisation personnelle, je savais que ma place n’était pas là, dans ce paisible coin du monde. La conviction que je pouvais réussir quelque chose de spécial grandissait en moi et finit par me convaincre que je devais tenter ma chance, quelque part, ailleurs…
Ce n’est qu’après que mon cœur eut connu sa première peine que j’eus le courage de quitter mon coin de pays pour aller tenter ma chance en ville. Mon plus grand souhait était alors de devenir danseuse professionnelle. J’enviais en silence ces jolies filles que l’on voyait danser à la télévision, sur les rythmes entraînant de la musique populaire. De toute mon âme, je voulais devenir l’une d’entre elles.
Nouvelle venue dans la grande ville, j’avais le regard et la naïveté d’une enfant. Cette curiosité m’a poussée à tout explorer et à tout essayer : sortir le soir dans le décor illuminé de la ville, et faire la fête jusqu’au lever du soleil. Mais ce que je croyais être la belle vie n’en avait en fait que les apparences. Ayant toujours eu une certaine réticence à accepter ma maladie, il m’était complètement égal de tomber dans les excès. Je pense aussi que l’annonce de mon diabète empira la situation. Seule dans cette métropole égoïste, meurtrie par toutes ces portes qui se refermaient sur moi, je vis s’écrouler tous les espoirs que j’avais fondés. Pendant ces tristes années, je crois que j’aurais pu remplir de larmes tous les océans de la terre. Amour, travail, amis, santé : rien de tout cela n’était au rendez-vous… Et par-dessus tout, ma bonne humeur m’avait quittée, emportant avec elle tous mes rêves.
L’été 2005 marqua un tournant dans mon existence. Affaiblie par toute cette négligence, je dus, une fois de plus, mettre ma vie entre parenthèses entre les murs de l’hôpital, branchée à un poteau de survie… Encaissant pour la énième fois les dures vérités qu’on me jetait au visage, j’avais le moral à plat. Mes taux d’insuline devenus catastrophiques et dangereux, ma capacité pulmonaire diminuée considérablement : tout faisait en sorte que mon système complet fonctionnait un peu comme une bombe à retardement, ce qui affectait du même coup mon état d’esprit.
Par chance, c’est durant cette tempête que je fis la connaissance d’un rayon de soleil : une source de lumière qui se prénomme Alexandre et qui me permit de réaliser pour la première fois que je suis seule capitaine à bord de mon navire. Je pris conscience que ma vie n’allait nulle part et que, malgré toute ma volonté, je n’avais encore rien accompli. Son exemple ressuscita en moi l’impulsion qui m’avait, a priori, sortie de l’ombre. Habitée par une force inconnue, je tenais à prouver, à lui comme à moi, que je pouvais réussir. C’est ainsi que j’entrepris mon premier combat.
Remplie de colère contre moi-même et contre cette autorité médicale qui me recommandait de ralentir mon rythme de vie, je me fis la promesse de me mettre sérieusement à l’entraînement, question de reprendre du poil de la bête et de changer le cours des choses. Rester motivée représentait un défi nouveau pour moi. En effet, n’ayant jamais eu de discipline rigoureuse, notamment à cause de l’empathie à mon égard dont faisait preuve mon entourage en raison de mon état de santé, j’eus à combattre mon orgueil et à persévérer tous les jours. Mais mon nouveau mode de vie changea pour le mieux tous les aspects de mon existence. pour le mieux tous les aspects de mon existence. Enthousiaste devant cette deuxième vie qui se présentait à moi grâce à mes efforts et animée par les résultats, je pris un entraîneur et fixai mon tout premier objectif concret : faire une compétition de fitness. J’étais fascinée par tout le travail que cela exigeait et emballée à l’idée de combiner gym, danse et souplesse. Cette fois, j’irais jusqu’au bout de mon rêve, et rien ni personne n’allait m’en empêcher!
Du coup, la maladie s’est atténuée tranquillement. Mes efforts à l’entraînement m’ont permis de retrouver une capacité pulmonaire supérieure aux résultats de tous les tests précédents. De plus, mon nouveau régime alimentaire m’a permis de mon nouveau régime alimentaire m’a permis de bien comprendre mon diabète ainsi que le rôle que jouaient les aliments dans l’organisme. Dès lors :
1) je suis passée de 6 capsules Cotazym [ECS 20] par repas, à 0-1 capsule Cotazym [ECS 8] ;
2) j’ai pu diminuer considérablement le nombre et la dose de mes injections quotidiennes d’insuline ;
3) j’ai amélioré ma capacité à l’effort et mon endurance ;
4) mon sommeil est devenu plus réparateur et je peux par conséquent consacrer davantage d’heures à mon entraînement ;
5) j’ai acquis un grand sentiment de fierté, ce qui eut un effet bénéfique sur mon moral.
L’amélioration de ma qualité de vie constitue bien sûr une chose merveilleuse, mais l’atteinte de mon objectif, après y avoir mis tant d’efforts, représente le plus grand accomplissement de ma vie. Le fait d’avoir goûté au bonheur de la réussite me pousse maintenant à me dépasser encore davantage. J’ai compris que rien n’est impossible, mais qu’il faut compris que rien n’est impossible, mais qu’il faut parfois y mettre beaucoup d’efforts ; si c’était toujours facile, tout le monde le ferait! Mais pour ma part, je veux faire partie de ceux qui essaient et qui réussissent. Si j’ai la chance d’avoir cette force de caractère, ce courage de lion et cette ténacité de fer, autant m’en servir pour faire de ma vie un tableau de victoires.
Je termine en vous adressant le conseil suivant : il est important de croire en son rêve, et ce, peu importe en quoi il consiste, et même si l’avis des gens est différent du vôtre à cet égard. Plus on s’investit dans le processus qui mène à sa réalisation, plus notre rêve devient crédible et plus il prend de l’importance. Et rappelez-vous que plus on y consacre du temps et de l’énergie, moins on a le temps d’être malade! Visez loin, voyez grand, car il n’y a pas de limite. La preuve ? J’ai participé à une compétition à Miami en novembre dernier, dans le but de défendre mon nouveau titre de deuxième championne du monde en fitness figure professionnel. Qui aurait cru !
Maintenant, foncez ! C’est à vous de jouer !