Comme je l’ai dit précédemment, j’étais pleine de préjugés sur l’adoption au Québec. Dans ma tête, la DPJ retirait les enfants à des parents seulement dans des situations extrêmes, rendant automatiquement les enfants mis en adoption « fuckés ». J’avais en tête que ces enfants étaient tous issus de mères cocaïnomanes ou alcooliques. Ou de pères batteurs et violeurs d’enfants. De plus, je croyais que jamais nous ne devenions les parents légaux de l’enfant mis sous notre protection, je croyais que les parents pouvaient revenir après 5 ans m’enlever cet enfant auquel je me serais attachée.
Pour adopter via la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) on doit obligatoirement commencer en allant à une séance d’information. Dans ma région, elle n’est offerte que 2 fois par année. Par chance, la prochaine aura lieu le 15 avril. Chéri et moi on s’inscrit.
Entre temps je cherche un peu des histoires à ce sujet. Je tombe sur celle de François Massicote qui a adopté 2 enfants de cette manière. Autour de moi, j’entends de belles histoires de gens qui ont reçu des bébés via la banque mixte.
Si on veut s’inscrire dans la banque régulière (c’est-à-dire adopter un enfant pour lequel les parents ont renoncé à leurs droits à la naissance) c’est très long, autour de 8 ans, dépendamment de la région du Québec (ça ressemble aux délais de la Chine). Mais la banque mixte est un beau compromis entre l’adoption et la famille d’accueil. En fait ce qui nous est expliqué à la séance d’information, c’est que les enfants qui sont dirigés vers ce processus ont peu de chance de retourner avec leurs parents biologiques, car ces derniers sont évalués comme étant incapables de se prendre en main (75% des enfants seront adoptés, 25% retourneront dans leur famille biologique). Donc nous devenons une famille d’accueil pour cet enfant dès qu’il est retiré de sa famille. Des enfants à peine sortis de l’hôpital à la naissance sont ainsi placés en famille d’accueil, en vue d’être adoptés. La famille biologique a entre 12 et 24 mois pour se reprendre en mains pour obtenir la garde de leur enfant ; passé ce délai, le couple de la famille d’accueil peut déposer une demande d’adoption. Suite à un jugement favorable de la Cour, les parents biologiques n’auront plus aucun droit sur cet enfant.
Comment doit-on se qualifier pour être famille d’accueil ? La DPJ a un processus en quelques étapes. On doit être évalué par les intervenants de la DPJ ; notre logement doit respecter certains critères, un formulaire médical est nécessaire (qui permet aux parents certainessituations de santé). Une fois qu’on est accrédité, un enfant peut nous être jumelé dans un délai d’une journée à 1 an en moyenne (pour ma région).
De plus, nous avons le choix du type d’enfant que nous voulons accueillir, et d’accepter des conditions ou de les refuser. Par exemple, de quel type de parents l’enfant est issu (l’origine ethnique par exemple) ou les antécédents des parents (déficience intellectuelle, alcoolisme, etc.) On a aussi le choix d’accepter (ou refuser) un enfant avec des difficultés physiques ou psychologiques (autisme, abusé sexuellement, handicap physique, etc.) De plus, nous avons le choix du sexe de l’enfant et de l’âge que l’enfant a lors du jumelage. De plus, la case accepteriez-vous des jumeaux me fait rêver, à la séance d’information on nous dit qu’ils ont placé plusieurs couples de jumeaux dans la dernière année !
Chéri et moi on quitte cette séance d’information confiants, en croyant fortement en nos chances de se qualifier comme famille d’accueil, et de croire que notre rêve pourra se réaliser dans des délais raisonnables.
Quel sentiment réconfortant que de savoir qu’on a encore des options et que l’on peut encore rêver à cette famille tant désirée !
Mais les démarches pour se qualifier seront encore longues, il faut commencer par finir nos rénovations, et passer à travers les diverses évaluations.