Pour vous mettre en contexte, avec la gratuité de la FIV, les médecins ont l’obligation de ne faire le transfert que d’un seul embryon par cycle, à moins de conditions qu’ils jugent particulières (où le taux de succès est diminué).
À ma première ponction d’ovule, j’ai tenté de convaincre le docteur qu’il pourrait être intéressant, dans mon cas, de faire le transfert de 2 embryons. J’ai tenté de le convaincre avec l’argument suivant : avec la FK, les stimulations ovariennes sont éprouvantes pour moi, et comme elles demandent beaucoup à mon corps, elles devraient être limitées. Si on me transférait 2 embryons, j’aurais plus de chance de ne pas recommencer le processus.
Il faut comprendre ici que j’aimerais TELLEMENT (comme la majorité des couples qui passent par le processus de fertilité) avoir des jumeaux, pour tout le trouble qu’on se tape, on se dit que si au moins notre famille était faite en une fois, on n’aurait pas besoin de recommencer tout ça pour le second.
Le médecin m’a bien fait comprendre qu’au contraire, dans mon cas, une grossesse gémellaire ne serait vraiment pas une bonne idée. Il s’agit d’une grossesse à risque après tout (…ouin pis??? Je suis prête à tout!) Mais je vois bien que je ne peux rien faire pour le convaincre, il a la loi derrière lui.
Même avant d’embarquer dans le processus de fertilité, j’ai toujours souhaité une grossesse multiple. Depuis que je suis ado, quand on se demandait entre filles si on voulait des enfants, ma réponse a toujours été : oui, j’en veux 4, des quadruplets.
Après la réponse du médecin, je me suis demandé pourquoi j’avais ce désir. La réponse m’est venue à force d’y réfléchir.
En tant que jeune fille, comment nous explique-t-on ce qu’est un accouchement? Dans mon cas, ça s’est passé en secondaire 3 (on a quoi, 14-15 ans à ce moment-là?). Le professeur de biologie, un homme près de la retraite et un peu mal à l’aise avec le sujet, devait couvrir cette matière. La manière simple de présenter à des jeunes l’accouchement sans avoir à en parler directement et ouvertement, pour lui, ça a été de nous présenter un vidéo intégral de l’accouchement d’une femme qui avait fait le choix d’un accouchement naturel (sans épidurale ou autre).
Mais quelle image ça laisse dans la tête d’ados de cet âge-là? Sans trop de contextualisations? Pour ma part, c’est maintenant que je comprends ce que ça a fait à mon subconscient. Une peur viscérale de l’accouchement, et un sentiment d’infériorité par rapport aux hommes : pourquoi c’est moi (nous les femmes) qui devrais me taper cette horreur? D’où mon désir de grossesse multiple : on se débarrasse de ce bout horrible une seule fois, pour fonder toute la famille.
Ici c’est mon petit aparté où je remets en question toute notre approche de la question avec les jeunes, j’espère qu’aujourd’hui on ne traumatise plus les adolescentes avec ce genre de vidéos.